
Chafika Berber
magicienne des sens et des mots…
Bonjour Chafika, écrivez-vous depuis longtemps ? Racontez-nous votre rencontre avec l’écriture.
Bonjour.
En fait, il ne s’agit pas d’une rencontre mais d’une amitié née à l’aube de mon adolescence nourrie de poésie et de romans.
J’étais convaincue que la seule voie qui s’ouvrait à moi était celle de la littérature puis en raison de circonstances particulières, je me retrouvais inscrite en médecine et au fur et à mesure que les années passaient, des années laborieuses ponctuées d’examens et de concours, je m’éloignais des livres et des mots…
Ce n’est qu’en fin de carrière, après avoir repris le temps de lire que je me penchais de nouveau sur une page blanche…

Vous avez un vrai don pour nous faire visualiser des émotions, faire voyager nos sens, (c.f. Gourmandise) d’où cela vous vient-il ?
Gourmandise…Je décris une journée de travail qui se termine, la mienne. Je rentre chez moi, à Levallois et je traverse chaque matin et chaque soir un parc, affamée, éreintée.
Je me suis filmée littéralement et j’avoue avoir bien ri en me souvenant des trois messes d’Alphonse Daudet, de la faim qui me poussait parfois à acheter n’importe quoi et à grignoter sur le chemin avant même d’arriver chez moi. Enfin, une allusion aux sept péchés capitaux…

En fait, l’inspiration s’épanouit dans cet environnement
Qu’est-ce qui vous a menée à la formation Écrire un livre de Sandra Rastoll ? Aviez-vous besoin de techniques particulières ?
J’ai découvert cette formation sur Internet. N’ayant eu aucune formation littéraire, je craignais de ne pas construire correctement les histoires à venir.
En effet, techniques et structures et plus encore me manquaient pour aboutir entre autres mon roman « Une soirée au hammam »
Comment avez-vous vécu cette période de formation ? La posture d’élève? Le rythme?
J’étais en mission pour un mois loin de chez moi et j’occupais un studio près du centre où je travaillais. Les soirées étaient calmes même quand j’étais d’astreinte et j’ai pu ainsi profiter pleinement de ma formation. La première impression est l’absence de temps mort. On apprend sans arrêt, sans pause, chaque mot, chaque conseil ayant son intérêt. Au-delà des qualités intrinsèques à cette formation, on a réellement le sentiment d’être l’étudiant unique. Bienveillance et clarté, critiques constructives…Merci Sandra.
De quelle technique vous êtes-vous particulièrement servie dans vos écrits ?
Quelle technique utilisée ? je n’ai pas vraiment de réponse…
La nouvelle est inspirée d’un vécu personnel…une journée « banale » qui se termine mal.
J’ai surtout retenu le principe du « show don’t tell » et la place des personnages en particulier des personnages secondaires.
Après la formation, avez-vous tout de suite commencé un nouveau projet d’écriture ?
L’après…époque bénie de mon départ en retraite et de ces longues journées et nuits qui m’ont permis d’écrire et d’aboutir mon premier roman, période magique…
Ce premier roman, je l’ai construit par petits bouts.
Le hammam est celui de mon enfance, je n’ai rien omis, ni la description des lieux, ni les bruits, de l’envolée des femmes depuis les porches d’immeubles puis du tumulte du bain maure jusqu’au sommeil réparateur.
Il se décline sous forme de nouvelles relatant des histoires vraies…Je revenais souvent sur les résumés des cours pour me rassurer, me conforter dans l’idée que je suivais bien les conseils de Sandra.
Comment s’est déroulé la construction de Une soirée au Hammam ?
Plusieurs mois ont été nécessaires à sa finalisation, sachant que j’avais quelques moignons d’histoires dispersés dans de multiples dossiers sur le bureau de mon ordinateur.
Il s’agissait au départ de nouvelles sur les conditions de femmes au destin parfois tragique et inspirées d’histoires vraies et d’un vécu personnel.
Puis l’idée d’une narratrice s’est développée peu à peu et je décidais de la situer à l’intérieur d’un lieu où la parole féminine se libère aisément, le hammam.
Puis vint la période tant redoutée des auteurs, celle qui consiste à trouver une maison d’édition. Je tentais quelques grandes maisons avec l’espoir d’être lue et appréciée et c’est finalement cette petite maison d’édition qui a accepté mon roman. Je désirais absolument une maison d’édition à compte d’éditeur.
Et quand mon livre est apparu, j’ai ressenti un sentiment d’aboutissement, le plaisir d’avoir mené « un bateau à bon port » mais je découvrais en me relisant et avec honte, les fautes, les insuffisances, quelques redondances… mais sans regret, mon roman était là, bien vivant.
Chafika, comment travaillez-vous ? Avez-vous un rituel d’écriture ? Qu’est-ce qui vous inspire ?
Ce premier roman a été écrit avec fougue, une liberté retrouvée où je pouvais enfin m’adonner à l’écriture sans me préoccuper de contraintes horaires, professionnelles ou autres.
En fait, un mot, une phrase ou une image pouvait déclencher une pluie de mots, un paragraphe, quelle que soit l’heure, de jour comme de nuit. Étrangement, l’inspiration apparait souvent dans une conversation banale avec des amis ou mes enfants, voire en écoutant une émission et je me précipite pour noter sur un bout de papier l’idée-étincelle qui peut disparaitre très vite. J’ai pris l’habitude de poser sur ma table de chevet, crayon et papier souvent transformé en brouillon illisible.
Quand mon roman a été publié, j’ai fait une annonce à mes amis et proches dans mes réseaux sociaux avec un bel accueil et beaucoup d’encouragements.
J’ai eu le privilège d’être interviewée pour une revue canadienne « l’initiative ».

Et maintenant Chafika, quel est votre nouveau projet ?
Je prépare un nouveau roman qui se déclinera également sous forme de nouvelles et je prendrai le temps…Le temps me semble essentiel et c’est le premier conseil que je compte appliquer à moi-même et que je propose aux auteurs à venir.
Prendre le temps de construire une histoire, de développer les personnages, de se relire pour éviter fautes et redondances, d’éviter les fins trop abruptes.
J’ai apprécié le fait de mettre de côté plusieurs jours voire plus, des paragraphes entiers, dans mon cas, des nouvelles et de les reprendre à distance.
Je ne reviendrai pas sur les difficultés à trouver une maison d’édition, j’ai reçu des courriers de refus, polis, sans âme ou férocement critiques mais j’ai reçu également une belle lettre d’encouragement et c’est celle-ci qui m’a incité à revoir, retravaillé mon roman.
Un dernier conseil, faire relire par des proches son roman avant de l’envoyer, pour une correction supplémentaire. S’accrocher et y croire.
Merci Chafika pour ce partage d’expérience et ces conseils précieux qui, j’en suis sûre, intéresseront nos lecteurs.
Pour aller plus loin retrouvez Chafika Berber sur les réseaux sociaux et sur notre blog !