
Hoda Sharkey
Repriseuse de vies…
Bonjour, qui êtes-vous Hoda, racontez-nous votre univers ?
Je suis franco-libanaise. J’ai vécu 25 ans au Liban dont 8 ans de guerre civile, puis je suis arrivée en France. L’adaptation à un nouveau pays, le mariage et les enfants m’ont pris pas mal d’énergie mais m’ont permis aussi de retrouver, petit à petit, le goût de la vie.
Vous êtes arrivée en France à quel âge ?
A 25 ans, mais j’ai toujours baigné dans la culture Française. Le Liban est francophone. Donc, j’ai lu beaucoup de livres, de littérature jeunesse…
Et vous avez mis de côté votre imaginaire lors de vos premières années en France ?
Au Liban, j’avais envie de suivre des études de lettres (de journalisme). Mais en période de guerre civile, j’ai plutôt choisi des études “utiles à mon pays” : dans le social. Et j’ai renoncé à l’écriture.
Et maintenant, l’envie d’écrire revient avec les années ?
Oui, ça a commencé avec les enfants.
Mon mari est anglais et il est très imprégné de la littérature anglaise. Ils sont fort les Anglais pour tout ce qui est littérature jeunesse (cf. Narnia, Lord of The rings, Harry Potter...). Chaque soir, mon mari lisait une histoire à mes enfants au lit, il était très attaché et fidèle à ce rituel.
Cela m’a redonné le goût des histoires et de l’écriture.
Vous vous êtes donc inspirée de la littérature jeunesse quand vous avez repris l’écriture ?
Oui, il y a une dizaine d’années, j’ai commencé par écrire un conte pour enfants. Il a tout de suite été accepté par un éditeur. Il était même prévu de réaliser toute une collection dans la lignée de ma première histoire. Avec la crise de 2008, la nouvelle collection a été annulée.
Cela a été une très grosse déception pour moi car je pensais vraiment pouvoir vivre de l’écriture (on m’avait déjà passé commande pour d’autres livres).
J’ai donc dû reprendre le travail, mais j’ai voulu exercer à mi-temps. Ainsi, j’ai pu consacrer mon autre mi-temps à l’écriture. C’était un bon compromis.
Sur quel projet d’écriture vous êtes-vous penchée ?
J’ai voulu écrire ce passé marqué par la guerre civile qui m’habitait. J’ai publié mon livre en septembre 2020 chez les éditions « Auteurs du monde ». Il se nomme Robes de soi.
J’ai suivi plusieurs formations sur la connaissance de soi, dont une pour apprendre à se connaitre à travers le conte.
J’ai alors décidé de m’inspirer du conte Peau d’âne pour écrire le récit de la traversée de la guerre. L’histoire commence par une valise de vêtements qu’on ouvre. C’est un livre sur l’exil. Et je pose la question : “au fil d’une guerre, comment recoudre une vie ?”
J’ai choisi les éléments que j’avais gardés au fond de moi, desquels je n’avais pas parlé, ni à mon mari, ni à mes enfants… et j’avais envie de les mettre en mots.
Et tout commence par l’ouverture d’une valise, c’est ça ?
Oui, en fait c’est l’ouverture tardive d’une valise que je déplaçais sans oser l’ouvrir. Et chaque habit que j’en sors, quand je finis par me décider à l’ouvrir, symbolise une partie de la guerre ou de la paix.
Robes de soi est-il purement autobiographique ou en partie romancé ?
C’est complètement autobiographique : c’est un récit, mais c’est raconté d’une façon romancée.
Après coup, je me dis que j’aurai pu l’écrire sous forme de roman. Je m’en suis rendue compte pendant la formation de Sunshine.
Mon second livre sera un roman.
Comment en êtes-vous arrivée à suivre la formation “Écrire un livre” ?
En fait, au travail, mon DRH m’a indiqué que j’avais un solde de points à utiliser. Sans idée précise, j’ai voulu choisir ce que j’aimais. J’ai donc tapé “Écriture” sur le catalogue du CPF.
En premier, j’avais trouvé le double parcours “Animer un atelier d’écriture & Biographe”… Et puis j’ai finalement choisi “Animer un atelier d’écriture & Écrire un livre”. Du coup, je voudrais revenir suivre la formation biographe par la suite parce que cela m’intéresse aussi.
Vous avez pour projet d’animer un atelier d’écriture aussi ?
En fait, je travaille avec des éducateurs.
J’ai longtemps participé à des sessions de prise de parole, des ateliers sur la connaissance de soi… Mais j’ai arrêté ces ateliers pour pouvoir écrire. Et je trouverais cela intéressant de pouvoir proposer des ateliers d’écriture.
J’ai animé des ateliers auprès de personnes porteuses de handicap et je voudrais les aider à s’exprimer. Souvent ces personnes ont eu des vies très difficiles et ont des capacités de résilience extraordinaires.
C’est pour cela que la partie biographe m’intéresse aussi.
Je me suis intéressée à une femme et j’ai écrit son récit de vie que l’institution a publiée. Elle était très fière d’avoir raconté son histoire. Elle a même organisé un pot pour célébrer sa publication ! C’était pour elle une façon de s’ouvrir aux autres et cela lui a fait du bien.
Mais la reprise des ateliers n’est pas un projet immédiat pour vous ?
Non, pour moi, l’animation d’ateliers sera pour plus tard.
Votre projet immédiat est l’écriture d’un second roman, c’est bien cela ? Pouvez-vous nous en parler ?
Non, je ne préfère pas en parler. Je suis très sensible aux retours des gens et je ne voudrais pas faire en fonction de leurs attentes mais en fonction de mon désir.
Vous êtes-vous donnée une échéance pour le terminer ?
Je voudrais avoir fait le 1er jet d’ici cet été. Je me donne 2 ans au total. Mon premier jet doit être terminé au bout d’un an.
Mon premier livre m’a pris beaucoup plus de temps car je n’avais pas de méthodologie. J’avais tout à faire.
Là, j’ai déjà déblayé le terrain pour ne faire que mon travail d’écriture. Et la formation m’y a beaucoup aidée :
- J’ai pu créer des fiches de personnages
- J’ai mon plan en tête
Je sais déjà ce que je vais dire. En fait, je navigue entre la préparation et le retour à l’imprévu que l’écriture réserve toujours.
Et pour ce second roman, chercherez-vous un éditeur ? Envisagez-vous l’auto-édition ?
Je n’ai pas la connaissance des réseaux pour l’auto-édition.
Pour Robes de soi j’ai trouvé un petit éditeur. Comme le livre est sorti en plein confinement la promotion a été difficile. Mais quand j’ai reçu la réponse de mon éditeur pour Robes de soi, c’était la 7ème réponse que je recevais et c’était en plein Covid. Je suis très reconnaissante de l’avoir eue, car honnêtement, en pleine pandémie, je n’y croyais plus.
Hoda, que représente pour vous l’écriture ?
L’écriture est une ouverture extraordinaire, comme un pouvoir, une échappatoire, une façon de vivre, de s’exprimer.
Utilisez-vous toujours l’écriture de manière thérapeutique ?
Oui, probablement. Mon écriture est très expressive. Et l’expression est pour moi est une forme de thérapie.
Que souhaitez-vous provoquer chez vos lecteurs ? Que ressentent-ils quand ils vous lisent ?
Je souhaite leur offrir une ouverture et des expériences qu’ils n’imaginent pas. Leur faire lire ce qui ne se dit pas en général.
Je veux provoquer une prise de conscience.
Tous vos livres naissent-ils d’un besoin d’exprimer vos émotions ? Ou cherchez-vous à explorer d’autres univers ?
J’aime explorer et imaginer d’autres univers. L’univers des enfants entre autres. C’est pour cela que je m’intéresse aux contes. De toute façon, l’écriture est une exploration du monde, de soi. C’est la création d’un monde.
Et ensuite, vous envisagez d’explorer la biographie ?
Oui. J’adore découvrir la vie des gens autour de moi. Par exemple, je connais un groupe de femmes de Picardie qui ont des vies extraordinaires à raconter. Je vais voir quand je pourrai prendre le temps de le faire.
Aujourd’hui, je pourrais être à la retraite. Mais mon travail me plait et me permet de garder un pied dans la réalité. C’est important pour moi d’avoir une demi-journée en activité.
Si j’ai suivi la formation “Animation d’ateliers d’écriture” c’est en prévision de la retraite. J’ai envie de fusionner les contes et les ateliers.
Un grand merci Hoda pour votre disponibilité et le temps que vous m’avez consacré
Merci à vous Marion. Et bon courage pour tout mettre au propre !
C’est vraiment super Hoda, cet article qui est si attentionné envers toi et qui révélé discrètement tes dons et tes ‘rêves’.
Merci de l’avoir mis en ligne.
Garde ta plume précieuse et ne perds pas ton envie de nous faire voyager.
gARRY