Quand nous lisons, nous ne faisons pas que regarder. Tenir un livre entre nos mains et le découvrir se révèle être une expérience multisensorielle qui suscite plus d’émotions que les supports virtuels. Du toucher à l’odorat en passant par l’ouïe, nous accédons à un univers complet via cet objet de papier. Banal ? Obsolète ? Pas si sûr que ça… le livre traverse les âges et ne vieillit pas !

Un livre c’est un objet d’émotion
Entre mes mains je tiens une couverture épaisse et rassurante que je serre contre moi ; prête à accompagner mes longues soirées et peut-être mes rêves. Celle-ci n’est pas faite de laine, non, mais de papier.
D’un geste ritualisé, j’en effleure tous les contours, découvre ses délicates aspérités. Cet ouvrage lourd et épais m‘impressionne et son odeur m’en dit long sur son passé.
J’hume le papier humide, le parfum de l’encre et je me retrouve plongée dans une ancienne imprimerie, dans un voyage sensoriel complet. Du bout des doigts, je ressens le léger relief des caractères par endroits, ils me racontent une histoire.
Le grain de ma peau rencontre le grain du papier et le livre communique des informations à tous les capteurs de mes sens.
Jusqu’à sa page de fin, je sais que cet objet va activer ma vue mais aussi mon ouïe, mon toucher, mon odorat, mon goût des jolies choses. Les feuilles lisses vont exprimer leur léger crissement familier, à mesure que je vais les tourner. Je vais aborder chaque page avec respect et, peut-être, être touchée à mon tour…
Et peut-être même que, par un instinct goulu et animal, je pourrais vouloir dévorer ce livre, faire corps avec les personnages, m’abandonner pleinement à l’histoire que l’on me raconte … et pourquoi pas même : y prendre goût.

Lire un livre : une expérience multisensorielle
Le monde est plein de choses magiques qui attendent patiemment que nos sens s’aiguisent
William Butler Yeats
Le livre peut prendre la forme dont nous avons besoin : un ami bien présent, une épaule, un compagnon de route que nous plaçons dans notre sac. Et pendant plusieurs jours notre cœur va battre au rythme de cet objet, à l’unisson.
Cet ouvrage de papier laissé sur notre table de chevet nous attend, il est là, nous l’observons, il nous appelle, nous le rejoignons, nous l’empoignons avec une impatience fébrile quand le suspense joue avec nos nerfs… Et l’expérience est intime et précieuse. Surtout quand le livre se fait compagnon d’insomnies.
Comme le démontrent les études sur le sens haptique et le développement cognitif, le toucher nous communique des informations primordiales pour appréhender notre univers.
A l’opposé, lorsque nous consultons un support dématérialisé (smartphone, liseuse etc. ) seule la vue va entrer en jeu, ce qui peut réduire nos facultés d’attention. Nous n’explorons plus l’histoire de la même façon car nous ne pouvons pas nous créer d’univers sensoriel autour. Nous n’aurons pas le souvenir d’une odeur, d’un lieu, d’un contact précieux avec l’objet, d’une attente… qui accompagnaient notre lecture.
En cela, l’expérience virtuelle est moins immersive donc moins complète.

Pourquoi le livre résiste au temps ?
Tandis que le livre éveille tous nos sens, l’accès facile aux contenus numériques rend l’acte de lecture plutôt banal, quand on y pense. Lire sur écran nous prive de l’expérience multisensorielle que le livre nous procure. Et le public ne s’y trompe pas : même si les outils pour lire se multiplient, le livre reste plébiscité.
Le livre ne craint pas l’arrivée du tout numérique
Aujourd’hui, il existe une grande variété de supports pour s’adonner à la lecture. Pourtant, le marché du livre se porte toujours bien, comme l’a publié l’Observatoire de l’économie du livre en 2020 :
- 91% des Français de 15 ans et plus ont lu au moins 1 livre imprimé au cours des 12 derniers mois,
- 52% des Français ont acheté au moins un livre en 2019,
- 25% des Français ont déjà lu un livre numérique.
A l’heure du numérique, la lecture et l’achat de livre progresse, tandis que le support virtuel peine toujours à trouver son public.
Comme une envie de vrai, d’authenticité
Dans une époque où tout se dématérialise, l’objet-livre reste donc un média bien présent, tangible, concret. Il répond donc à un réel besoin d’authenticité.
Puis, tout comme le disque vinyle, le livre papier reste un des derniers supports de communication dont l’usage n’est pas galvaudé par l’infobésité ambiante. On le respecte.
Choisir un livre, prêter un livre, ouvrir un livre sont des actes importants et presque sacrés. Cette manière de consommer l’information fait figure d’exception dans un paysage où, à peine diffusé, le contenu dématérialisé est déjà obsolète.
Le livre, lui, n’a pas d’âge, il traverse le temps sans le craindre.
Et pour lire un livre on doit avoir le temps, s’accorder un moment privilégié, dédié à la lecture, que l’on ne s’accorde pas sur des supports virtuels lorsqu’on surconsomme de l’information éphémère. Lire un livre est un moment particulier, hors du temps.
Dans une ère où chacun cherche du sens, souhaite renouer avec l’essentiel, l’authentique, le livre nous ramène aux bases.
Ce n’est pas anodin si plusieurs civilisations ont basé leurs fondements sur un bel ouvrage de papier. Car l’objet, aussi banal soit-il de l’extérieur, renferme un univers complet et intemporel. Le livre a donc de beaux jours devant lui, peut-être même l’éternité…

Que représente le livre pour vous ?
Objet de réassurance, le livre peut combler un manque, nous faire rêver, aiguiser notre curiosité…. Chacun peut y trouver réponse à ses doutes. Pour en savoir plus sur cette relation particulière, n’hésitez-pas à découvrir pourquoi le livre s’est imposé pendant le confinement … Bonne lecture !