Antidote à la morosité ? Source d’évasion ? Durant les différents confinements, le livre est entré dans les foyers tel un cataplasme : un moyen de panser ses plaies, de rêver sa vie ou de fuir un contexte anxiogène… Selon un sondage du SNE, le changement des habitudes de lecture durant la pandémie est bien réel et touche davantage les jeunes.
Les besoins ont évolué pendant le confinement, période où le temps s’est arrêté ; et lire a été vécu comme un salut. Mais cet élan va-t-il perdurer au-delà de la crise sanitaire ?
Le livre, comme une réponse à un besoin de nous recentrer
« La lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie » Montesquieu.
Les différents confinements se sont traduits par des changement comportementaux et nos habitudes de lecture n’y ont pas fait exception.
A la demande du Syndicat National de l’Edition, l’institut Odexa a conduit une étude sur les comportements des Français vis-à-vis de la lecture. Ce sondage a été réalisé sur un panel représentatif de 990 français de plus de 18 ans.
Les résultats, mis au jour en janvier 2021 sont édifiants : un tiers des Français ont lu davantage pendant les confinements (33%).
La hausse la plus importante concerne les jeunes entre 18 et 24 ans. Ces derniers sont 42% à s’être adonnés à la lecture pendant les périodes les plus contraignantes de la crise sanitaire (confinement total).
Parmi les arguments les plus cités par les lecteurs interrogés, le lecteur trouve dans le livre :
- Un moyen de « lutter contre l’ennui » (pour 43%)
- Une façon de « se déconnecter de l’actualité » (pour 33%)
- Un formidable outil pour « éviter les réseaux sociaux » (pour 31%)
Le livre est ainsi apparu comme un recours, alors que les objets de distraction habituels ne suffisaient plus à assouvir les besoins des jeunes, ou devenaient sources d’anxiété.
Lire a donc été salvateur : pour lutter contre un trop-plein d’information (infobésité) et une hyper-connectivité qui frisaient l’overdose.
La lecture durant le confinement a donc globalement aidé les Français à se recentrer, pour ne plus laisser l’esprit diverger vers tout, tout le temps.
Le livre, allié des émotions, comme un antidote à la morosité
Comme l’exprime lui-même Vincent Montagne, président du SNE, le livre se positionne comme un « antidote » face à l’incertitude et l’univers anxiogène d’Internet.
Véritable refuge, le livre apparait donc comme un soutien pour lutter contre l’angoisse et s’éloigner de la réalité de la crise sanitaire pas toujours évidente à supporter….
Laissons les anxiolytiques au placard ! la lecture va nous procurer les émotions qu’il nous faut pour nous rendre heu-reux !
Et toutes nos hormones du bonheur vont donc s’activer pour notre plus grande satisfaction :
- La dopamine : notre héro parvient enfin à trouver l’objet de sa quête ? Notre cerveau va secréter de la dopamine, l’hormone de la réussite et de la récompense.
- Les endorphines : Rire ? Pleurer ? Éprouver des émotions fortes activera les endorphines, hormones du bien-être.
Pendant le confinement, le livre prend donc sa place d’objet de réassurance, nous permettant de ressentir du plaisir et du réconfort, tel un doudou qui ne nous quitte plus pour surmonter les périodes difficiles…
Vivre à travers le livre, pendant le confinement : le pouvoir de la visualisation
Savez-vous que le cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est virtuel et réel ?
Enfin, du point de vue de l’activité cérébrale, les recherches en neurosciences ont démontré que la perception visuelle (ou auditive) et l’imagination activent les mêmes zones du cerveau !
Pour faire simple, notre esprit ne fait pas la distinction entre une émotion qui fait suite à un événement réellement vécu et une situation imaginée (ex. je joue du piano ou je répète mentalement ma partition).
Le pouvoir de la visualisation, à la base des traditions spirituelles (ex. bouddhisme) a été un peu délaissé dans notre culture occidentale. Cependant, de plus en plus de secteurs liés au développement personnel ou au bien être (ex. sophrologie) utilisent les bienfaits de la visualisation sur le corps.
A la lecture de ces recherches, réalisez-vous le pouvoir de la lecture sur notre santé physique et mentale ?
Lorsque nous lisons un livre, notre imagination nous permet de visualiser mentalement une situation décrite.
Et plus nous allons vivre intérieurement une expérience, plus notre cerveau va s’activer, comme si la situation en question était réellement vécue !
Le lecteur, qui va enfiler sa cape de héro pendant la lecture du roman d’aventures, va donc littéralement se mettre dans la peau du personnage et vivre ses réussites par toutes les cellules de son corps.
Le lien affectif que le lecteur a pu éprouver avec son ouvrage pendant le confinement parait alors évident !
Au plus haut de la pandémie, le livre a donc fait figure d’objet permettant d’expérimenter des situations nouvelles, de se transformer, de se transcender…
Il est donc apparu comme un prolongement idéal de la vie du lecteur, un espace virtuel et secret, indispensable pour rêver sa vie, grâce au pouvoir de la visualisation.
En confinement, lire permet à l’esprit de s’évader quand le corps ne le peut pas
Tel une échappatoire, le livre a pris une place primordiale dans nos vies, comme une absolue nécessité pour compenser des besoins que nous n’avons pu assouvir, faute de liberté : besoin de balades, de voyages, de culture, de découvertes…
La lecture a donc aussi tout simplement comblé un manque d’évasion.
Nous lisons ainsi pour nous transporter vers des horizons lointains, des contrées imaginaires, des paysages fantastiques… car l’être humain a aussi besoin de merveilleux.
Comme le dit Hervé Le Tellier « on n’allait plus au cinéma, au théâtre, au restaurant. Donc les gens, pendant le confinement, se sont rués sur les livres ». L’envie de voyage peut donc également justifier le succès de son roman l’Anomalie, dont l’intrigue se situe sur un vol Paris-New-York. Son roman sur l’évasion et la déréalisation du monde a dépassé toutes les espérances de ventes de son auteur en 2020.
Et justement, si nous revenons sur l’enquête du SNE, nous constaterons que l’intérêt pour le roman prédomine parmi tous les genres littéraires :
Pour sortir du quotidien, 45% des lecteurs privilégient l’enquête policière, quand 32% préfèrent le roman contemporain et 28% dévorent des lectures fantastiques ou d’aventure.
Ainsi, tout nous laisse penser que la soif de découvertes du lecteur l’a mené à vouloir fuir son quotidien et chercher dans le livre de nouveaux univers bien éloignés du sien.
Le confinement total nous a-t-il donné le temps de lire ?
Les confinements (surtout celui de mars 2020) ont aussi donné du temps aux français.
Or, le manque de temps est toujours une raison majoritairement évoquée pour justifier le fait de ne pas lire davantage.
En effet, dans les périodes les plus contraignantes de la crise sanitaire, cette denrée rare et précieuse qu’est le temps, s’est donc invitée dans les foyers dont l’activité s’arrêtait.
Et, à mesure que les restrictions se sont assouplies, l’attrait pour la lecture a diminué.
Selon l’enquête commanditée par le SNE, quand 30% des Français se sont mis à lire plus pendant le 1er confinement, ils n’étaient plus 16% durant le second confinement de novembre 2020.
L’heure est donc venue de s’interroger sur la place que nous souhaitons donner à la lecture dans notre quotidien.
L’après-pandémie ne pourrait-elle pas être l’occasion de prendre de nouvelles décisions quant-à l’organisation de nos journées ?
Et si nous choisissions de ralentir notre rythme et prendre notre temps pour laisser plus de place au livre ?
Après un 3eme confinement, serons-nous prêts à changer nos habitudes de lecture ?
Au vu de l’enquête, 85% des Français se sont dit prêts à rejeter en bloc l’éventualité d’une fermeture des librairies pour ce 3ème confinement. C’est dire combien l’objet livre a pris une place importante dans le cœur de tous.
Et vous, pensez-vous qu’un changement durable a été amorcé ?
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