Un article invité de Héléna Bertrand.
Vous vous êtes lancés dans la création de votre site internet et votre agence SEO vous parle de stratégie de référencement naturel. Il s’agit là en réalité de vous alerter sur les techniques visant à améliorer le positionnement de vos pages web dans les résultats des moteurs de recherche. Votre site web répond à des problématiques récurrentes chez les internautes, votre produit vous en êtes persuadés est la solution à leurs besoins. L’art du SEO consiste ici à mettre en place des leviers d’acquisition de trafic en travaillant à la péréquation entre structuration du contenu de vos pages, visibilité du site dans les résultats de recherche et satisfaction de l’utilisateur. Cette tension se cristallise d’abord autour du choix des mots-clés sur lesquels vous allez vous positionner pour chacune de vos pages. Mais voilà, votre enquête préalable vous indique que les requêtes mal orthographiées ont un bon potentiel. Avez-vous donc tout intérêt à utiliser ces mots-clés saisis tels quels, c’est-à-dire avec des fautes d’orthographe, pour espérer grimper dans les SERP ? Et si ce n’était tout simplement pas la bonne question à se poser ?
Mettez-vous à la place de l’internaute pour savoir sur quels mots-clés vous positionner
Une bonne stratégie SEO, ce sont, entre autres myriades de techniques, des mots-clés bien choisis, c’est-à-dire garantissant un bon référencement de l’article sur les moteurs de recherche, et bien placés. En d’autres termes, vous devez vous positionner sur des mots-clés en parfaite adéquation entre la recherche de l’utilisateur et le contenu de votre article.
Attention, le mensonge n’est pas de mise et gare aux resquilleurs. Les moteurs de recherche, Google en tête avec ses 90 % du trafic mondial, évaluent la pertinence des contenus en fonction des requêtes des internautes. Et si ces derniers ne trouvent aucune réponse à leur question alors que vous leur avez promis, ils se sentiront floués. Ce qui en découle est simple : ils quittent votre page, font augmenter le taux de rebond de votre site qui, de fait, dégringole dans les classements. Personne ne veut ça. Il faut donc se mettre à la place de l’internaute à qui votre site s’adresse. Les mots-clés de vos articles et de vos pages sont ceux utilisés par votre cible, ceux qui sont tapés dans les moteurs de recherche.
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Misez sur les requêtes de longue traîne
Il peut être très intéressant de vous positionner sur des requêtes plus longues ou expressions-clés de longue traîne. Moins concurrentielles, plus spécifiques, ces expressions attirent un trafic qualifié en vous assurant un meilleur positionnement dans les résultats de recherche et des meilleures chances de conversion car votre contenu se rapproche au plus de la requête de l’internaute.
Mais voilà, qui dit longue traîne, dit multiplication des variantes à analyser pour le choix des mots-clés. Ainsi, je peux taper dans mon moteur préféré : « hôtel à Paris 2 étoiles pas cher » comme « Paris hotel prix moyen ». Votre article positionné sur ces mots-clés n’arrivera pas dans la même position donc n’aura pas la même visibilité.
Haro sur les fautes d’orthographe
Tout mot tapé dans une recherche Google peut contenir une faute d’orthographe. Pensons déjà aux accents qui disparaissent, les fautes de frappe et les interversions de lettres dues à l’écriture au clavier. Et tous ces noms propres relatifs à l’identité du site (patronymes, lieux géographiques, marques et enseignes d’entreprise) difficilement assimilables. Si tel est votre cas, vous pencherez fort en faveur de l’insertion des fautes dans vos mots-clés principaux afin que l’utilisateur tombe sur votre site, qu’il ait ou non bien saisi sa requête.
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Pourquoi (encore) débattre autour des requêtes mal orthographiées des internautes ?
Parce que ça dépend (encore) de la façon dont le moteur de recherche utilisé va diriger les résultats d’une requête mal orthographiée en proposant ou en imposant la correction appropriée. Prenons le leader. Si hier Google renvoyait l’internaute sur des résultats correspondant à sa requête telle que saisie avec suggestion de correction en cas de fautes, aujourd’hui c’est le schéma inverse qui semble s’appliquer. Google propose des résultats pour la requête corrigée et propose ou non dans un second temps à l’internaute de basculer sur sa requête erronée.
D’autres moteurs de recherche, citons Qwant, DuckDuckGo et Bing, proposent une formule mixte, en incluant aux résultats de la requête fautive ceux répondant à la requête corrigée avant de proposer d’afficher les résultats uniquement pour la requête mal orthographiée. C’est par ailleurs un comportement que l’on remarque parfois encore chez Google avec son « Résultats, y compris pour referenceemnt » ou son « Essayer avec cette orthographe : referenceemnt ».
Ces variantes dans les comportements des corrections orthographiques des moteurs de recherche ont un impact direct sur le SEO. Si la correction est imposée, alors la réponse à la question est : « NON, ne faites pas de SEO sur les mots mal orthographiés ». Mais si les résultats incluent les réponses aux requêtes fautives à celles des requêtes corrigées, alors la réponse est : « OUI, une étude sur le volume des requêtes mal orthographiées est peut-être judicieuse afin de vous positionner sur les plus importantes et ainsi vous rapporter du trafic ».
Comment insérer les mots-clés mal saisis par votre cible dans vos articles ?
Cela paraît incongru voir blasphématoire pour un professionnel de l’écrit de devoir « placer » des fautes dans un article, même avec parcimonie. Pour le rédacteur web, c’est l’assurance de se faire des nœuds au cerveau pour trouver la (bonne ?) idée pour intégrer ces fautes sans gêner la lecture des internautes. Il existe pourtant des parades bien connues des référenceurs et des rédacteurs :
- Écrire en majuscules d’imprimerie les titres de paragraphes H2 permet de contourner le problème du mot-clé sans accent. Une solution un chouilla dépassée cependant, d’abord parce qu’on accentue aujourd’hui les majuscules, sisi, il existe des caractères Unicode pour cela et que l’emploi de cette casse sur un groupe de mots n’est pas moderne, l’a-t-elle déjà été ?
- Renseigner l’attribut ALT des images qui sert à décrire simplement et efficacement son contenu. Y glisser un mot-clé avec des lettres interverties par exemple peut se révéler utile. En effet, c’est une métadonnée invisible pour l’utilisateur sauf bug d’affichage de l’image, mais surtout les mots-clés présents sont pris en compte pour le positionnement dans Google. Malin.
- Une astuce à décliner dans l’url de la page. On n’a pas tous idée, c’est vrai, d’y débusquer des fautes.
- La rédaction de contenus supplémentaires ayant pour seul objectif d’inclure les mots-clés ou expressions de longue traîne fautives. Ici on retrouve l’ajout de commentaires en fin d’article contenant ces fautes ; la rédaction d’une FAQ reprenant de vraies/fausses questions de clients et enfin une page au ton plus humoristique dédiée du type : « Comment nous trouver : le listing ? / Vous ne nous trouverez jamais si vous tapez… »
En est-on vraiment toujours là en SEO en 2020 ?
« Mais ça, c’était avant » pourrait-on balayer d’un revers de la main. Puisqu’on vous dit que le correcteur orthographique de Google a fait du chemin !
L’analyse de contenu et référencement naturel
Les algorithmes de Google sont désormais capables de scanner le contenu de votre article. L’analyse des mots-clés ne se cantonne plus guère aux seules balises metatitle et metadesc, visibles dans les pages de résultats. Pourquoi ? Pour offrir la meilleure expérience à l’utilisateur. Concrètement, cela change quoi ? Qu’il ne faut plus uniquement optimiser les différents titres et placer à bon escient ses mots-clés, mais qu’il faut améliorer le contenu de vos pages. Rédigez autour du champ lexical et sémantique de votre mot-clé. Ajoutez-y des mots-clés dérivés, des cooccurrences. Plus vous varierez, diversifierez vos contenus, plus Google cernera la thématique de votre article et le fera remonter dans les résultats de son moteur de recherche. Vous n’avez donc plus aucun intérêt à inclure les coquilles.
Surtout que vous risquez de vous voir attribuer des pénalités par Google qui finira par assimiler vos pages web à un site de mauvaise qualité. Et une mauvaise notation implique un mauvais classement des pages du site.
Pour optimiser son référencement, on pensera aussi à veiller sur le temps de chargement des pages, et à structurer non plus seulement le contenu de son article mais à mailler entre elles les pages de votre site internet. Usez pour cela de la technique des liens internes et externes et performez davantage avec ceux pointant vers votre site.
Une éthique tournée vers la qualité du contenu
En réalité si la question se pose, elle se pose différemment. Il peut toujours être opportun d’intégrer à son site les mots-clés mal orthographiés identifiés comme pouvant rapporter du trafic. En effet, ils sont peu concurrencés néanmoins parfois très recherchés et peuvent vous faire gagner du trafic. Pourtant, allez-vous vous y astreindre réellement ? Pour répondre à cette question, il vous faut vous recentrer sur votre image de marque. Quelle éthique souhaitez-vous véhiculer à travers vos contenus ?
Sachez toutefois que la meilleure stratégie de référencement à long terme reste de viser avant tout la satisfaction de l’utilisateur et de soigner les contenus des articles. Des contenus uniques, pertinents et complets sur votre thématique gagneront en qualité pour vos utilisateurs… et pour les algorithmes. Les informations y sont claires, structurées, vous connaissez les problématiques de vos visiteurs et ils y trouvent ce qu’ils sont venus chercher. C’est bel et bien l’expérience utilisateur qui se retrouve au cœur de la stratégie SEO en 2020, sa satisfaction doit se retrouver au centre de votre stratégie de contenu et du référencement naturel.
Les mots-clés seront-ils bientôt has been ?
Rédiger pour le web comporte déjà bien des contraintes, citons la prise en compte de la ligne de flottaison et le scroll. Ce à quoi il faut rajouter depuis 2019 la lecture sur smartphone, qui semble bien supplanter la lecture sur les autres écrans. En réponse à ces nouveaux usages, les spécialistes de la stratégie digitale n’ont aujourd’hui que mobile first à la bouche. Le rédacteur web doit constamment s’adapter et, pour répondre à cette nouvelle exigence, il devra tout savoir sur le snacking content : des contenus percutants, complets, mais toujours plus court.
Mobile first pour la lecture mais pas seulement, le smartphone induit de fait des comportements différents dans les habitudes de consommation de l’information des utilisateurs. Ainsi ces derniers se tournent dorénavant plus volontiers vers la vidéo pour se tenir informés. Ce format requiert aujourd’hui encore la présence d’une description rédigée pour indexer ce que nous montre la vidéo. Mais jusqu’à quand ?
Que dire aussi de la recherche vocale qui modifiera radicalement et pour bientôt notre manière de chercher une information sur le web ? Google mettra-t-il un jour tout le monde d’accord en rendant superflue l’optimisation des contenus par les mots-clés ? Tenons-nous prêts à devoir nous adapter une nouvelle fois.