Même si je ne t’ai pas donné la vie et que tu as été abandonné…tu mérites d’être aimé et moi je t’aime comme une mère.

 

A 37 ans, ma barque est bien menée : j’ai mon entreprise de savonnerie artisanale qui fonctionne bien et une vie sociale épanouissante. Je suis une femme active.

J’aime les défis et mon nouveau challenge est de mettre un terme au célibat !

Après ma dernière rupture, j’ai choisi de rester célibataire pour travailler sur mes blessures. Autopsier sa vie amoureuse, accepter sa peur de l’abandon et paradoxalement, la peur de s’engager est éprouvant.

Au bout, 3 ans d’introspection, de démolitions de croyances et de schémas toxiques, aujourd’hui, je suis prête à rencontrer un homme et fonder ma famille.

Néanmoins, je n’ai jamais ressenti le besoin de donner la vie malgré le désir d’être mère et l’adoption est le bon compromis.

Ma mère flippe que je finisse vieille fille en compagnie de dizaines de chats. Encore un cliché ! En plus, j’ai envie d’avoir un chat !

 

En attendant de vivre ma love story, j’honore ce qui compose ma vie et cette après-midi, je passe boire le thé chez Amy.

Amy est ma confidente, mon exemple : assistante familiale, bénévole dans le milieu associatif, une épouse et une mère dévouée.

J’arrive chez elle et comme à son habitude, elle est débordée.

L’excuse du jour : elle a recueilli un petit bout d’à peine quelques semaines abandonné par sa mère. Comment peut-on faire ça ? Je suis encore sur la route de la guérison et ce type de situation peut me mettre dans tous mes états. Mon cœur se brise quand je vois ce petit être innocent. Je le prends dans mes bras, il est si léger et fragile. On a envie de l’aimer, de prendre soin de lui.

Amy me voyant ainsi me propose de le recueillir quelques semaines, le temps qu’elle trouve une famille pour lui.

 

— Tu envisages l’adoption ? Je te propose de prendre en charge Cléo une semaine avec toi. Je te fournis tout ce dont tu as besoin. Je suis débordée et il n’y a personne pour m’aider ! STP rend-moi ce service !!!

 

Spontanément, j’ai envie de lui dire « oui », Amy n’est pas du genre à demander un service aux gens mais une partie de moi est terrifiée, je ne serai pas à la hauteur. Prendre soin de moi est encore un combat certains jours. Et puis, je suis indépendante et je ne suis pas préparée à ça. C’est le cafouillis dans ma tête. Je n’ai aucune expérience. Et si ça se passe mal ?

Amy lit sur mon visage que je deviens cocotte-minute !

Dis un mot, Amy ! Je n’ai ni le courage de te dire non, ni celle de prendre cet engagement…d’une semaine. Je veux fuir là !

— Détends-toi Séréna ! Inspire…expire ! Ton cerveau bouillonne là ! Tu es libre de décider, aucune pression !

— Je ne me sens pas capable d’assumer cette responsabilité. C’est peut-être anodin pour certaines personnes mais pas pour moi.

— Je comprends mais rappelle-toi, t’as dit la même chose quand je t’ai proposé un poste d’accompagnatrice scolaire pour un voyage à l’étranger avec à ta charge 6 enfants !

— C’est pas pareil ! T’étais là !

— J’ai confiance en toi et je sais que tu songes à adopter plus tard. Je serais là en cas de besoin. T’es capable.

 

Je réfléchis, je regarde Cléo et j’écoute mon cœur.

 

— Bon ok ! ne te plains pas si je t’harcèle tous les 4 matins.

 

Je repars de chez elle avec des biberons, du lait et tout le nécessaire, mais surtout avec Cléo. Dans quoi me suis-je encore embarquée ?

C’est à la maison que je réalise que je ne suis plus seule et que je vais devoir aménager ma vie.

C’est l’heure du biberon, il sait se faire entendre ce petit ! il mange avec appétit ce glouton ! J’utilise un carnet comme en tableau de bord : je note tout ! Biberons ! Temps de sommeil ! Besoins…tout y passe ! Contrôler me rassure et écrire m’ancre.

 

La première nuit se passe bien mais le lendemain, crise de panique car je m’aperçois qu’il ne va pas à la selle.

J’appelle Amy qui me conseille de lui masser le bas du ventre et qu’il a été sujet à quelques soucis de transit. Elle a mis le nécessaire dans son sac.

J’essaye de masquer mon angoisse et de me dire que j’ai ce qu’il faut pour remédier à ça.

Je dors mal ce soir-là, j’ai peur de commettre une bêtise, comme de mal doser ses médicaments et qu’il finisse par avoir une diarrhée et se déshydrater. Mon pessimisme d’antan est de nouveau présent occultant ma raison.

Voilà, pourquoi l’engagement me fait peur ! Fuir quand les choses deviennent sérieuses, par crainte d’échouer, de mal faire.

Je me prends une gifle, un retour en arrière de 5 ans : une Séréna pessimiste, anxieuse et sans aucun sens des responsabilités. J’ai loupé quelque chose dans ma guérison de cette blessure d’abandon. Mais quoi ?

A chaque jour suffit sa peine. Et puis, quand je le regarde, je sais que la vie ne l’a pas mis sur ma route par hasard.

 

Les jours passent et je prends mes marques. Certaines personnes de mon entourage se foutent de moi car je m’investis comme-ci, c’était mon propre enfant. Je suis au-dessus de tout ça. La demi-mesure, je ne connais pas ! J’ai compris au fil du temps que je trouvais mon équilibre après avoir apprivoisé les extrêmes.

Mon anxiété s’estompe aussi, laissant place à la confiance et au lâcher-prise.

 

Cléo est en sécurité avec moi. Sa santé s’est améliorée et une complicité s’est installé entre nous. Et si je l’adoptais ?

J’ai à ce moment-là une prise de conscience. Je regarde Cléo et spontanément je lui ai adresse ses quelques mots : même si je ne t’ai pas donné la vie et que tu as été abandonné…tu mérites d’être aimé et moi je t’aime comme une mère.

 

Ses mots réveillent en moi l’amour. Mon cœur explose. Je m’ouvre à cet état de grâce. Et mes larmes inondent mon visage. Elles ruissellent, elles sont délivrance.

Je suis prise d’un élan d’ivresse : je ne réfléchis plus, je suis portée par l’inconditionnel. Je vais dans ma salle de bain, face au miroir, je psalmodie cette phrase : Je suis Séréna et je suis digne d’être aimée et d’aimer. Je suis guérie de la blessure d’abandon. Je m’aime.

Comme une religieuse récitant sa prière avec un chapelet, je récite ce mantra encore et encore jusqu’à que mes larmes finissent de me bénir.

 

Je vais adopter Cléo.

 

J’appelle Amy pour qu’elle passe à la maison.

— Je t’avais dit que tu serais capable de t’en occuper !

— Oui, c’est vrai !

— Tu veux l’adopter, c’est ça ? Tu es sûre de toi ?

— Oui, j’en suis certaine, peut-être que pour certains, cet acte est banal mais les jours passés avec lui m’ont permis de prendre conscience de beaucoup de choses.

— Je suis fière de toi !

— Je suis fière de moi aussi, et puis, c’est pas si fou que ça ! J’avais envie de recueillir un chaton. Il est là à présent et je le garde !

— C’est vrai ! L’univers fait bien les choses.

— Toujours !

 

Les animaux sont des êtres dotés de sensibilité et sont de grands maitres de sagesse.

Milan Kundera a écrit « la vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l’humanité, ce sont les relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux.

Une nouvelle d’Aurélia Lenclume – Promotion Ecrire un Livre

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Sandra

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