Dominique Grousselas - Retour en Inde

 » Mon Tom,

Ne viens pas. Promets-moi de ne pas sauter dans le prochain avion. Reste à Paris, termine tes études. J’ai toujours esquivé tes questions sur ton père, tu lui ressembles tellement. Lorsque je te regarde, je le vois vivre en toi. Te souviens-tu de ton anniversaire, le jour de tes 22 ans. Je t’ai offert une montre, tu l’as toute suite adorée. Tu étais heureux. Je t’ai dit que je l’avais trouvée aux puces à Saint-Ouen. Cette montre c’est celle de ton père.

J’étais entrée à la Sorbonne quelques années avant de partir en Inde. Je me souviens à la minute même où j’ai terminé ma thèse, au moment de l’annonce des résultats de n’être déjà plus à Paris. Dès le lendemain, je m’envolais pour New Dehli, avec un seul bagage, quelques photos et aucun billet retour. Après plus d’une semaine de voyage, j’étais arrivée à destination. Je me suis installée dans une ferme collective, beaucoup de personnes partageaient cet espace et cultivaient la terre. Je vivais dans cette communauté parmi des britanniques, des allemands, des italiens, des français et ton père. Il était parti depuis deux semaines quand je me suis installée. Les travaux alternaient avec la méditation, les massages, les bains. Sophia, la belle italienne, devenue mon amie, que tu appelleras « tante », m’a invitée à venir avec elle à l’aérodrome pour récupérer ton père. Ta tante, me parlait de ton père, tout au long du trajet en le comparant à Ulysse, à Alexandre le grand, à James Dean avec détachement. Tu connais les penchants de Sophia, la guerrière.

Dès que j’aperçu ton père, je l’ai toute suite désirée, j’ai toute suite eu envie qu’il me possède. Une chaleur douce envahissait mon corps, le bouillonnement s’intensifiait au fur et à mesure que ton père avançait. Je balbutiais Diane. Il s’assis à l’arrière du véhicule, une veille jeep de l’armée anglaise.

A la ferme ton père était accueilli par tous, je constatais l’impact qu’il avait sur les autres comme un gourou. Il ne me connaissait pas, étant arrivée après son départ pour New-Dehli. Tout le monde s’était dispersé, et avait rejoint son lieu de repos seul, à deux ou plus. Je décidais de faire de même. Ton père était dans sa chambre, couvert uniquement d’un paréo, offrant à mon regard son corps de dieux grecs. Tout en pénétrant dans sa chambre, j’hottais mon tee-shirt et posais mes mains sur son torse. Il m’entourait de ses bras, m’embrassais dans le cou, glissais vers mes seins, suçait mes tétons, effleurait de ses lèvres la peau de mon ventre. Je tombais sur le lit, ses mains parcouraient mes jambes, mes cuisses pour envelopper mon avant-scène. J’étais toute à lui, il m’arrachait des gémissements. Sa langue explorait chaque parcelle de mon sexe puis il remontait avec la même délicatesse pour m’embrasser. Je l’enlaçais avec mes jambes, il me regardait avec amour, ses yeux plongeait dans les miens. Il me pénétrait avec force et douceur, je l’incitais à plus de violence. Son souffle se faisait de plus en plus rapide. Nos corps n’étaient plus que spasme pour atteindre conjointement la jouissance. Nous sommes restés sur lit, sans dire mots jusqu’au soir.

Je suis certaine que tu es gêné, sans cet instant, tu n’existerais pas, tu ne vivrais pas. Tom, c’est le plus beau souvenir que j’ai de ton père.

Il y a deux semaines, je t’ai annoncé que je partais quelques jours en Italie chez ta tante Sophia. Tu sais maintenant que ce n’est pas là que je suis. J’ai pris la décision de partir et de revenir dans la communauté où tu as fait tes premiers pas, où j’ai rencontré à l’amour pluriel. Ne crois pas que c’est sur un coup de tête. Je veux respirer cet air chaud, sentir de nouveau les liens communautaires.

Je ne t’ai pas dit la véritable raison de mon départ, je me suis tue, simplement pour préserver tes souvenirs. Même à des milliers de kilomètres, il est difficile de te dire ou plus exactement de t’écrire. Sache que je suis heureuse, apaisée. Ils prennent soin de moi, ils ce sont tous les habitants de l’hacienda. J’ai un cancer, il m’a choisi. Tom, je refuse tout soin, cela s’appelle la sélection naturelle.

L’appartement est à ton nom, la maison de campagne, celle où j’ai grandi, où nous avons vécus quelques temps après l’Inde, est aussi ta propriété. « 

Tom pleurait, et était en colère, perdu seul ; il hurlait, s’effondrait, il ne comprenait pas, sa mère ne lui avait rien dit, il l’aimait et à cet instant la haïssait. L’interphone retentit.

-Tom, c’est Sophia, ouvre.

Sophia grimpe les escaliers. Tom est à l’entrée de l’appartement. Elle s’aperçut que Tom savait vu son visage rougit. Tom terminait de lire le message « -Va voir ton père, Idem. »

Je pleurais dans les bras de tante Sophia. Nous avions déjà parlé de la mort mais pas comme ça, pas si tôt, seulement quand elle serait très vieille.

-Tom, j’ai aussi envie de sauter dans le premier avion, tu dois respecter sa demande.

-Tante Sophia, je veux simplement être présent, j’ai qu’elle, plus qu’elle.

Sophia expliquait à Tom, qu’elle avait connu son père, en Inde, et qu’il s’appelait Tom Vartz.

Tom trouvait sur le web, un maraicher qui correspondait. Il était impatient, angoissé, préparait des tonnes de questions. Il voulait un père, il voulait le tuer, le frapper, l’embrasser.

Le lendemain, les valises chargées dans la voiture, nous quittions Paris. Après cinq heures de routes, nous étions sur la place du village tout de briques vêtu. Sophia commanda un italien et moi un chocolat. Les cloches de l’église, très proche de nous, sonnèrent. Je regardais sa montre, elle indiquait 15 heures. Avec tante Sophia, pas le temps de se poser de questions, elle vous empêche de réfléchir. Son optimiste, sa joie de vivre rejaillisse comme par magie sur vous. Quelques minutes plus tard, c’est la gorge serrée que nous empruntions l’allée traversant les champs vert colorés de points rouges. Fébrile, je descendais de la voiture, cherchant une présence. Sophia quant à elle, fumait une cigarette assise sur un banc devant la maison.

-Bonjour, c’est pour des fraises ?

-Heu, oui, heu, non, je cherche Tom Vartz

-C’est mon père, mais il n’est pas là, il est parti en Inde pour quelques temps, il part régulièrement. Je peux lui laisser un message ?

J’étais déconcerté, j’avais un demi-frère. Au fil de la conversation, j’apprenais qu’il était dans la même communauté que ma mère. Sophia confirmait le récit du jeune homme. Je m’effondrais, genoux à terre, les mains sur mon visage, j’en voulais à mère, à tante Sophia. Tout n’était que mensonge. Le retour se fît dans un silence pesant. Ma mère préférait être avec mon père, pas avec moi, m’avait-elle aimé ?

Trois jours s’écoulèrent, un taxi nous transporta à l’aéroport Charles de Gaulle. J’avais convaincu Sophia de rejoindre maman, après tout elle voulait que je rencontre mon père, il était là-bas avec elle, elle n’aurait pas d’autre choix que d’accepter notre venue. Dans la file d’embarcation, un visage connu, Jérémy, l’autre fils de Tom.

 

dominique Grousselas

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 #défiBradburySunshine

Cet article a 2 commentaires

    1. Sandra

      Merci Alain pour votre retour.
      Un vote à Dominique 🙂

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Sandra

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