Lauriane Gaillardo - Il était une fois dans les bois
Cette fête avait vraiment tourné au cauchemar. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris de me jeter dans la gueule du loup comme ça.
– Mais Laura, tu ne peux pas aller à une fête où il y a ton ex avec sa nouvelle copine. Franchement tu t’infliges du mal pour rien.
Ma meilleure amie avait raison. Mais je suis une tête de mule. Bien sûr au début j’étais courtoise et bienveillante. Mais avec l’alcool je me suis lâché. Je sais, je n’aurais pas dû l’insulter et lui balancer mon verre à la figure. Mais cette petite garce l’avait cherché. Je suis partie juste après cela. Ivre, j’ai pris ma voiture et j’ai roulé vers nulle part. J’ai pleuré. J’ai beaucoup pleuré et le reflet du rétroviseur me renvoyait une image peu sexy. Mon maquillage avait coulé, les couleurs s’étaient mélangées.
Marc était mon âme sœur. Nous nous connaissions depuis l’enfance et nous nous étions toujours aimés. Je ne comprenais pas pourquoi nos chemins se séparaient. Je ne l’acceptais pas. Mon cœur avait mal ce soir-là. Tout le monde m’avait regardé péter les plombs. Je m’étais donné en spectacle. Je m’étais ridiculisé. Marc m’avait lancé un regard que je ne lui connaissais pas. Visiblement, il l’aimait cette garce. Je n’étais plus rien à ses yeux. J’étais du passé.
Il n’était pas tard lorsque ma Fiat 500 m’a lâché. Mon portable affichait 23h et la batterie 3%. Je ne pouvais appeler personne. J’ai juste envoyé un sms à Marc lui disant que j’étais désolé. Puis j’ai envoyé un sms à ma meilleure amie, mais je ne pouvais lui dire où je me trouvais.
J’étais dans un bois. Il avait l’air immense et il n’y avait aucune lumière à part celle de la pleine lune. Lorsque je dis que j’ai envoyé un sms, je devrais plutôt dire que j’ai tenté de l’envoyer. Au moment où j’ai appuyé sur le bouton d’envoi, le portable c’est totalement éteint.
J’ignore encore comment j’ai pu me retrouver dans ce bois, en voiture. Il n’y avait pas de route, seulement un chemin de terre. J’avais vraiment trop bu à cette fête stupide. Cependant c’était la première fois que cela m’arrivait au point de ne pas me souvenir du chemin.
J’ai juré. J’ai beaucoup juré. Il fallait que je bouge. Un nuage cachait la lune et l’obscurité m’entoura tout à coup. Je distinguais à peine les arbres. Franchement j’aurais mieux fait de rester chez moi ce soir-là.
Heureusement dans ma boite à gant j’ai toujours une lampe torche et dans le coffre un pull et une paire de baskets. Prenant mon courage à deux mains, j’ai décidé de marcher un peu tout en restant proche de la voiture. Il n’y avait aucun bruit. Le silence total.
Je fixais la lumière de la lampe torche, cherchant en vain un chemin qui me ramènerait vers la route.
Bon sang ! il devait bien y avoir un chemin quelque part ! L’angoisse me gagnait peu à peu. Je ne me souvenais pas du tout de comment j’avais atterri là. Comment avais-je pu rouler jusque-là sans me rendre compte que j’étais entrée dans une forêt ?
C’est là que je l’ai entendu. Une respiration étrange. Quelqu’un ou quelque chose m’observait dans l’obscurité.
– Il y a quelqu’un ? s’il vous plait, je suis perdue et ma voiture est en panne.
Rien. Était-ce mon imagination ?
La nuit nos sens sont décuplés et je sentais toujours cette présence. Il y avait bien quelqu’un. Pourquoi ne répondait-il pas ? Et si c’était un psychopathe ?
J’ai décidé de poursuivre ma marche. Lentement et prudemment. Je tournais ma lampe afin de voir de tous les côtés. La peur commençait à m’envahir. Ma respiration s’accéléra. Je me stoppai net lorsque j’entendis à nouveau la respiration étrange et cette fois des pas lourds sur les feuilles.
– Je vous entends ! que voulez-vous ?! dis-je en tournant sur moi-même. Le faisceau de ma lampe n’éclairait que des arbres.
Puis, au loin, ma lampe torche éclaira un être difforme qui se tenait là entre les arbres. Il me fixait de ses yeux sans paupières. Il semblait écorché, sans peau, sans vêtements, se tenant légèrement courbé. Je ne pouvais pas hurler tant cette horreur me fit peur. J’eus à peine le temps de l’entendre courir vers moi alors que je partais dans le sens inverse sans me retourner. Je devais garder ma lampe allumée pour ne pas tomber ni me prendre un arbre en pleine figure. J’entendais ses pas irréguliers qui tentaient de me rattraper. Je commençais à pleurer de peur tout en courant. Ma vision vint à se troubler. Quelques branches me griffèrent le visage, mais la douleur ne m’arrêta pas pour autant. Il était toujours là. Il me rattrapait. Je sentais une odeur nauséabonde. Une odeur de pourriture.
Je faillis trébucher plus d’une fois. La chose me rattrapait je le sentais. Une lumière attira mon regard. Elle était vive et dorée. Je courrais plus vite pour l’atteindre, elle semblait provenir d’une maison plus loin. Juste à quelques mètres.
Il fallait que je l’atteigne, il fallait que j’arrive à me cacher de cette chose.
– Au secours !! Aidez-moi ! Au secours !
C’est là qu’un de mes pieds se prie dans une racine. Je suis tombée en avant. Ma lampe torche roula plus loin. Je sentis la chose se précipiter sur moi. Puis plus rien. Black out total.
La seule chose dont je me souviens, c’est mon réveil dans cette magnifique chambre de bois. Une odeur de fleurs sauvage me chatouilla le nez. Mes vêtements avaient été changés. Je n’avais plus ma robe rouge, ni mon pull, ni mes baskets. A la place, j’avais une robe blanche longue et légère. Un peu comme celles que portaient les Romaines dans l’antiquité. Mes cheveux semblaient propres et ils avaient été peignés, leur bouclent rousses étaient parfaites. Mon visage était démaquillé et je n’avais pas les traits tirés. Depuis combien de temps étais-je là ? Je l’ignorais.
Quelque chose vint se frotter à mes jambes. C’était un charmant chat noir au regard doré.
– Hey ! coucou toi. Lui dis-je en le caressant. Le greffier courba son dos de contentement et m’attira en dehors de la chambre.
La maison n’était pas grande. Il me conduisit vers la cuisine avec un regard charmeur afin que je lui donne à manger. Mais une porte avait attiré mon regard. Elle était si belle et différente du reste de la maison. Comme si, elle souhaitait que je la voie. En m’approchant, je compris qu’elle était en or massif et gravé d’étranges symboles. Elle n’avait pas de serrure ni de poignée. Je suis restée là un moment à la regardé et la touche.
Le chat miaula d’impatience et me sortit de ma rêverie et de mes interrogations.
– Tu dois savoir où nous sommes toi ? Lui demandai-je
Mais je n’eus que des ronronnements pour réponses. Bien sûr que le chat n’allait pas me répondre, le contraire m’aurait perturbé.
Dehors le soleil brillait. La forêt semblait paisible et aucune horreur ne m’attendait. Il n’y avait personne dans la maison. Je décidais alors de faire un tour dehors. Il y avait un jardin magnifique qui semblait bien entretenu, une ruche avec du miel, mais personne à part le chat noir. Peut-être que la personne qui m’avait amené ici était partie chercher de l’aide pour moi. Je prie mon téléphone pour le charger, mais en vain. Il n’y avait ni prise ni électricité dans la maison. Je me mis à angoisser à nouveau. Surtout lorsque le soleil se coucha et que personne ne revint à la maison. J’ai attendu. J’ai attendu longtemps.
La nuit tomba. J’avais trouvé assez de bougies pour éclairer une bonne partie de la maison. Je me suis restaurée. Je m’étais assoupie quelque peu sur une chaise de bois dans le tout petit salon, quand j’entendis un hurlement dehors. Prudemment je regardais par la fenêtre.
La chose hideuse était là, à l’orée du bois. Elle regardait vers la maison. Elle hésitait à venir, je le sentais. Je me précipitais pour éteindre les bougies, comme ça elle ne me verrait pas. La maison était dans le noir et lorsque je revins à la fenêtre de la cuisine pour observer si le monstre était là. Plus rien. Mes yeux cherchèrent frénétiquement où pouvait se cacher le monstre. Mon souffle se coupa. Mon angoisse était revenue au galop quand j’entendis le grincement de la porte d’entrée. Les pas lourds sur le sol et cette odeur horrible. Heureusement j’étais dans la cuisine et cette fois j’avais un couteau dans les mains. Il me fallait affronter cette chose. Je le devais.
Caché derrière la porte de la cuisine je l’attendais. J’étais prête à bondir. Il ne m’aurait pas.
Elle entra. Courber sur elle-même, elle se trainait lentement. L’odeur était insoutenable et je faillis vomir plus d’une fois. Elle se stoppa et huma l’air comme un animal. Prenant mon courage à deux mains et le couteau je fonçais sur elle. Elle se retourna et me regarda horrifier de ses yeux sans paupières. La lame pénétra dans sa chair putride et s’enfonça dans ce qui autrefois était un cœur.
Elle s’écroula dans un râle immonde. Où étais-je ? Perdue au milieu des bois je venais de tuer une chose surnaturelle. Je me suis effondré à mon tour. Tout cela semblait sorti d’un cauchemar. C’est là que la chose se transforma. Sa chair se mit à fondre et révéla une jeune femme. Elle me ressemblait tellement. On aurait dit une jumelle.
Elle ouvrit les yeux sur moi. Et me dis : « Ne pleure pas Laura. Tu m’as sauvé. Deux choix s’offre à toi maintenant. » Elle m’expliqua que tout ceci était une épreuve. Elle me raconta que l’autre soir, j’avais trop bu et que malheureusement j’avais percuté un arbre. Mon corps se trouvait actuellement à l’hôpital et que j’étais entre la vie et la mort. Les deux choix étaient simples. Sois je décidais de revenir à ma vie et pour cela je devais rejoindre mon corps, soit je prenais le chemin vers lequel la porte dorée c’était ouvert.
J’avais su affronter ma peur, vaincre le monstre. Ma vie passée, même si elle ne dura que 25 ans, ne m’intéressait plus. Mes proches seraient tristes, mais nous nous reverrions peut-être un jour. L’être m’expliqua que le chemin de la porte dorée n’était pas le paradis ni le repos éternel. C’était le chemin d’un combat bien plus immense, un combat du bien contre le mal. Que ce monde avait aussi besoin de guerrier sans peur prêt à affronter les horreurs qui tentent chaque jour d’asservir nos esprits.
– Tu ne regrettes pas d’avoir choisi ce chemin ? demande alors un des enfants qui écoute l’histoire de Laura.
- – Non du tout mon ange. Je suis heureuse d’être une guerrière du bien. Il ne faut jamais fuir devant ses peurs. Il faut les affronter.
- Tu nous la raconteras à nouveau cette histoire ? demande un autre enfant.
- Oui bien sûr.
- Il était comment ton monde à toi ?
- Plein de peur…
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