Je n’ai rien fait de mal, pourtant je me retrouve enfermé.
Tout du moins je crois, je ne m’en souviens plus.
J’ai peut être fait quelque chose sans me rendre compte des conséquences.
Mais de là à être enfermé, sans information sur qui sont mes juges, ni quelle est ma peine, c’est grotesque !
J’ai beau tourner la chose dans tous les sens, je ne sais pas ce que je fais la.
Je tourne moi aussi, car une fois passé l’étonnement, je fais rapidement connaissance de mon nouvel habitat. Il faut dire que je suis confiné dans une pièce de la taille d’une cellule qu’on aurait oublié d’éclairer.
Dans cette atmosphère tamisée, les premiers temps sont les plus compliqués, on se pose des questions, et on attend les réponses.
Je ne connais pas les raisons de ma présence, mais je me sens lié à cette cellule. Je sens que je dois y faire mon temps.
Après tout je n’ai pas de chaîne, ni de menottes, je suis peut être en attente de mon procès ?
Je ne me souviens pas.
Au bout de quelques semaines j’apprends à relativiser, je me dis que je ne suis pas à plaindre.
Les conditions sont précaires, mais je n’ai ni trop chaud, ni trop froid et je ne me sens pas en danger.
Seul bémol dans ce tableau, je me sens grossir jour après jour. Le confinement n’aide pas à faire de l’exercice, surtout dans si peu d’espace.
J’essaie de m’organiser ma petite routine, je me lève, je mange, je m’allonge et j’essaie de me rappeler comment j’ai pu en arriver la.
Peut être qu’on m’attend quelque part ? Ils doivent s’inquiéter depuis le temps…
Enfin je dis ça, mais je n’ai aucune notion du temps. Je n’ai pas de fenêtre pour observer le monde et ses évolutions. Peut être que nous sommes au printemps ou alors déjà en hiver.
Peu m’importe finalement, on vit mieux la privation quand on ne sait pas ce que l’on perd.
Je me dis qu’à la longue ils en auront marre de me conserver et quoi que j’ai pu faire, ils me libéreront pour bonne conduite.
Je ne suis pas non plus un prisonnier modèle mais ils me pardonneront mes quelques accès de violence.
Il faut me comprendre, cette pièce m’oppresse de plus en plus. J’ai l’impression qu’elle se réduit au fil du temps ou bien c’est moi qui occupe de plus en plus l’espace. Quoi qu’il en soit, l’un de nous doit arrêter sa progression.
Je prends les devants et je tape contre ces parois en espérant les repousser et gagner quelques nouveaux centimètres salutaires que je ne connaîtrai pas déjà.
Mais ça ne change rien. Ainsi sont les limites de mon nouveau monde.
Résigné sur mon sort, parfois je parle seul. Je me dis qu’on m’écoute peut être.
J’essaie d’organiser mes pensées et je parle de comment j’imagine le monde, de l’homme que je voudrais être en sortant, parfois aussi je chantonne des airs de variété.
S’ils me regardent ça doit bien les faire rire, un homme nu qui gesticule et qui parle seul.
Je dis ça, parce que j’entends du bruit à l’extérieur. Je sens leur présence. Je sais qu’ils sont là.
Ça les fait sûrement rire de me voir en cage. Moi aussi je rirais si j’étais à leur place.
Mais eux ne veulent pas rire avec moi. Personne ne se risque à rentrer dans ma cellule.
Je suis peut être malade, atteint d’une maladie rare et contagieuse et on me garde confiné le temps de la guérison. Pourtant je me sens bien.
Quoi qu’il en soit, je reste patient, j’ai l’intime conviction qu’on me fera sortir prochainement.
Et les jours passent, puis les semaines, peut être des mois.
Mais rien ne bouge, juste moi qui grossis dans ce cloître.
S’en est trop. S’ils ne veulent pas me faire sortir, je vais leur forcer la main.
Quoi que j’ai pu faire, qui que j’ai pu offenser, j’ai payé ma dette ! Il est temps qu’on m’explique.
Je me sens assez fort pour tout retourner dans ma cellule et je tape de toutes mes forces contre ces parois, que j’ai si souvent violenté.
Cette fois, cela semble les faire réagir. Je perçois du mouvement à l’extérieur.
Je les entends et cette fois ils viennent pour moi. Je me prépare à les recevoir.
Ils ouvrent la porte, je n’ai même pas le temps de réagir qu’ils me saisissent vigoureusement pour me faire sortir.
J’essaye de me débattre, face à l’inconnu je ne veux plus sortir.
Laissez-moi tranquille, j’étais bien.
Enlevez vos mains.
Toutes ces lumières, ça m’aveugle !
Ils sont plusieurs, je dois céder.
Puis le silence.
J’entends soudain la voix du médecin qui s’exclame :
“ Bravo aux parents, c’est un petit garçon”.
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Je vote pour cette nouvelle !
C’est noté Marilona
Finalement de l’expérience universelle du confinement.
Super montée en pression et chute à la Night Shyamalan !
Oui Anis est très doué pour faire monter le suspense! Merci de votre visite Pierre