Chaque nuit, dans le jardin de la maison des époux Banloux, couple bizarrement assorti mais couple tout de même…Il se passe des événements étonnants. Ce jardin est situé sur les anciennes ruines d’un couvent en Normandie, le couvent des Cordeliers.

Cher lecteur, tu risques d’être déçu, je préfère t’informer tout de suite qu’il n’est pas question de fantôme dans l’histoire étonnante que tu vas lire. 

Au milieu du grand jardin, trône une vielle tombe à la pierre dépolie et crasseuse envahie de végétation. Des odeurs de buis survolent l’espace verdoyant, ce sont des odeurs caractéristiques que l’on peut respirer dans certaines allées du château de Versailles. Cette odeur fait penser au beau temps, au soleil et à de longues promenades bienfaisantes. Le soleil, chaque soir, vient chatouiller la tombe juste avant qu’il n’aille se coucher dans son horizon jaune et orangé.

Dans la maison des Banloux, le 11 mars de chaque année, se produit un phénomène étrange. Le sol tremblote, les meubles aussi et on entend des bruits de cascades de monnaies dans le jardin.

Le couple Banloux, quadragénaires sans enfants, est atypique du fait des distances émotionnelles et spirituelles qui les séparent.

Lancelot Banloux est un taiseux taciturne bien souvent rabat-joie, très terre à terre et d’une introversion à son paroxysme. Frédégonde Banloux est à l’image de son prénom, elle ne passe pas inaperçue. Elle est extravertie, joyeuse, aime dire les choses telles qu’elles sont et sans détour et possède une imagination complètement délirante.

Frédégonde, soucieuse de comprendre ce qui se passait chaque année et tout aussi soucieuse de savoir pourquoi cela se produisait le 11 mars, mène des recherches qui lui prennent du temps et cela provoque nombre de disputes dans le couple. D’ailleurs, pas plus tard que ce matin :

  • « Frédégonde, la cuisine n’est pas rangée, c’est le souk.
  • Pourquoi tu ne la ranges pas ? Je suis la bonne ici ? Tu peux aussi t’y coller ! Nous ne sommes pas au moyen âge, la femme n’est pas la servante de son époux !
  • Je suis assez d’accord avec toi mais tes bouquins aux odeurs de remugle qui trainent dans le salon tu pourrais au moins les ranger ! On se croirait dans une bibliothèque avec des étudiants qui étalent leurs livres partout !
  • J’ai besoin de laisser ces livres-là, je fais un travail de recherche sur le terrain de notre maison.
  • Mais je t’ai déjà expliqué que ces tremblements correspondent au passage des avions, la base militaire 405 n’est pas loin de chez nous.
  • Et c’est quoi ces bruits de cascades de pièces ?
  • Mais c’est toi qui imagines cela, ça a à voir avec le bruit des moteurs de certains avions !
  • Et pourquoi toujours à la même date ces phénomènes ?
  • Je suis certain que tu te fais des idées, ça doit se produire d’autres jours que le 11 mars.
  • Tu es souvent en déplacement sur Jérusalem pour ton travail à cette époque, alors comment pourrais-tu le savoir ?
  • Tu me fatigues Frédégonde, je te le dis gentiment, tu me fatigues, tu me tapes sur le système neuronal.
  • Quand je découvrirai pourquoi ces bruits et ces phénomènes et pourquoi le 11 mars, tu changeras d’avis !
  • Je ne verrai rien du tout. En tout cas, ce que je vois en ce moment, c’est une hystérique à l’imagination pathétique !
  • Pense et dis ce que tu veux, je poursuis mes recherches et pour ne pas te gêner et ne plus entendre tes sarcasmes, je vais installer un bureau dans la dépendance du jardin ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Frédégonde s’installe dans la maisonnette du jardin, située près de la vielle tombe décorée de végétation sauvage. Elle poursuit ses recherches et ses réflexions. Elle s’intéresse à l’histoire du terrain et au fil des jours, elle découvre des détails qui ouvrent des perspectives bien alléchantes. Elle vient de découvrir qu’elle vit sur les terres qui appartenaient à Jacques de Molay, maitre de l’ordre des chevaliers des templiers qui avait fait ériger le couvent des cordeliers sur les ruines duquel était posés le jardine et la maison des Banloux. Elle réfléchissait tout haut :

  • « Mais oui, ça fait sens ! Gisors est à 40 km de notre maison, ce terrain n’était donc pas loin du château des chevaliers. Jacques de Molay a peut-être caché le fameux trésor ici-même. Mais oui, bien sûr, il me faut un détecteur de métaux. Je suis certaine qu’il a caché une partie du trésor ici-même ». Elle relit la biographie du maitre et découvre qu’il a été brûlé vif le 11 mars 1314 !

Frédégonde s’enquière donc du précieux outil auprès d’un voisin passionné de numismatique et se met à sonder tout le terrain durant des journées entières jusqu’à ce que le détecteur sonne un beau matin de mars.

-« Ça sonne à côté de la tombe, étrange. Je ne vais quand même pas ouvrir la tombe ? Ça sonne fort, j’ai vraiment localisé du métal, ça sent le trésor à plein nez, on entend le trésor à pleines oreilles ».

Elle attend que Lancelot parte en déplacement afin d’être toute à son aise pour procéder à l’ouverture de la tombe. Elle patiente des jours et des jours qui lui semblent vraiment trop longs. Elle ne tient plus, elle est au bord de la syncope que peut provoquer une curiosité non assouvie. Le jour J arrive enfin, elle attend quelques heures après le départ de Lancelot pour s’activer. Elle est bien équipée et ne laisse rien au hasard :

– « j’ai la pelle, la pioche, le pied de biche, des gants, du mortier pour resceller la tombe, ça va j’ai tout ce qu’il me faut.  Pourvu que mon curieux de voisin ne vienne pas m’interrompre ».

Quelques heures plus tard, après un dur labeur, la pierre tombale est ouverte et laisse apparaître une vulgaire boite à chaussure complètement anachronique avec l’époque de la tombe. Elle ouvre délicatement la boite à chaussure et quelle surprise ! Elle découvre 11 rouleaux de pièces de 10 centimes d’euros avec une enveloppe qui porte son prénom. Elle ouvre avidement l’enveloppe, se saisit du courrier qu’elle contient et lit d’une traite et relit encore pour être bien certaine de ce qu’elle comprend :

– « Ma chérie, mon impertinente Frédégonde, je te donne une leçon n’est-ce pas ? Je suis certain qu’en ce moment même où tu me lis, tu crois que je sanctionne ton imagination et ta curiosité. Et bien nom ! Tu viens de découvrir le véritable trésor de ce qui fait avancer l’humanité : la curiosité et l’imagination. Je te reproche souvent on imagination débordante et pourtant je l’approuve parce qu’elle te rend tolérante, inventive, créative, attachante et touchante. J’espère t’avoir rendue heureuse l’espace d’un instant en suscitant ta curiosité que tu as pu assouvir avec ton imagination. Je t’aime, ne change rien. Signé Lancelot Banloux ».

Une nouvelle de Catherine Lehoux – Promotion Ecrire un Livre

La publication a un commentaire

  1. Rohrbein Patrick

    La chute est toute à ton image puisque je te connais. Je ne suis pas certain d’une base 405, mais qu’elle importance.

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Sandra

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